Par Marie-Paule Berthiaume, août 2021
C’est le retour à la normale pour la troupe de drag queens des Dancing Legs, après un hiatus pandémique. Composé des cofondateurs Alex Pilon ou Johnny Poutina, Levan Sonego ou Aloë Vera et Marjorie Jade Ménard alias Shiraz Deville, elle reprend ses activités en présentiel et compte propager les fous rires à travers les Kootenays.
Le trio, qui se présente parfois en duo ou en solo au gré des obligations de chacun, compte un riche bagage artistique dans les domaines du théâtre, de l’improvisation, de la danse, du cirque, du cinéma et même, de l’animation dans des camps de vacances! Bien qu’il s’adonne principalement au doublage de chansons chorégraphiées et à la production de spectacles drag, il assure également l’animation d’événements.
Eurêka!
La création des Dancing Legs est survenue lors d’une rencontre en 2017 entre le couple composé d’Alex Pilon et de Levan Sonego et leur amie Marjorie Jade Ménard. «C’est parti d’une idée trouvée autour d’une bière à Backroad puis nous voilà cinq ans plus tard avec deux enfants», lance à la blague Alex Pilon qui se considère comme l’oncle ou la tante des enfants de Marjorie qui a présenté plusieurs spectacles durant ses grossesses.
Le trio a d’abord posé sa candidature pour participer au spectacle burlesque annuel Tease the Season 2017 de Sherry Perry qui a été acceptée. «On n’avait pas encore de nom, de photo professionnelle, de biographie, de Facebook, d’Instagram. On n’avait même jamais essayé de maquillage de drag», se remémorent Marjorie Jade Ménard et Alex Pilon qui s’entendent pour dire que depuis, leur projet a fait boule de neige.
Les personnages
La troupe des Dancing Legs est composée de trois drag queens aux profils fort différents. Alex Pilon présente son alter égo, Johnny Poutina, comme une matante à moustache «qui a travaillé chez Sears dans la section des bobettes toute sa vie» et qui verse dans l’humour déplacé. «Mais tu l’invites parce que c’est elle qui fait le party», précise affectueusement Marjorie Jade Ménard endossant un personnage qui est tout le contraire.
La jeune maman a d’abord songé à la colorée et féminine Katie Perry pour imaginer son personnage. Cette perspective s’est toutefois enrichie lors de la première séance de maquillage durant laquelle son personnage, la moustachue Shiraz Deville, s’est assombri et valse désormais entre une bio queen et une drag king.
«T’as pas envie de l’inviter au party de Noël parce qu’elle serait un peu bête. Elle n’a pas peur de s’exprimer et elle est rock n’ roll. En explorant, c’est ça qui m’est venu puis ça m’a fait du bien parce que c’est un côté de moi qui est ressortie», explique-t-elle en discutant avec Alex Pilon d’évolution du personnage et de confiance en soi en tant qu’artiste.
Enfin, l’ultra féminine et élégante Aloë Vera vient balancer le trio et ajouter de la rigueur dans la démarche du groupe. «Marjorie et moi, c’est clownesque notre affaire. Mais mon chum, il prend vraiment ça au sérieux. She’s a woman», explique Alex rieur en la décrivant toutefois comique à ses heures.
Le processus créatif
Pour se préparer à un numéro, les Dancing Legs s’engagent dans un échange de chansons jusqu’à que les membres impliqués tombent d’accord. «Une fois, on a essayé de faire une chanson de Rihanna. Ça n’a pas marché. Les Dancing Legs essayait de faire du hip hop puis ce n’était pas beau», se remémore celle qui incarne Shiraz Deville.
Les Québécois francophones d’origine, Alex Pilon et Marjorie Jade Ménard, en profitent pour «se péter un trip de chansons francophones» lorsque l’Ontarien anglophone d’origine Levan Sonego n’est pas disponible ou en honorant des contrats francophones. Leur première chanson en français, Prière païenne de Céline Dion, a été présentée lors de la première édition de l’AFKO fait son show au bar le Royal en 2019.
Bien qu’il apprécie incarner Johnny Poutina dans un contexte francophone, Alex Pilon ressent plus de difficulté qu’en anglais, comme si son personnage avait «moins de punch». Il apprécie le fait de pouvoir dire des choses qui ne sont pas politiquement correctes en anglais mais qui passe lorsqu’il est dans la peau de son personnage au fort accent francophone. «Je pense que c’est ça que les gens aiment de nous, on est clairement French», indique l’auteur du nom du trio.
Portée par les drags américaine Lady Bunny et québécoise Rita Bagga ou grâce à l’émission RuPaul Drags Race, Alex Pilon constate que la drag se popularise. «Ça devient de moins en moins tabou malgré qu’il y ait encore du travail à faire. C’est aussi de plus en plus reconnu comme une forme d’art», rappelle celui qui tarde à retrouver son bien-aimé, parti planter des arbres, pour danser en talons hauts à ses côtés.
Crédit photo : Steve Relf
Découvrez-en davantage à ce sujet en écoutant l’épisode qui lui est consacré dans la première saison «Francophonie sauvage» de la série balados de l’AFKO, FRANC OUEST. Rendez-vous sur afko.ca/francouest, ainsi que sur les principales plateformes numériques de diffusion audio pour y accéder.