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Le français tatoué sur le cœur

Par Marie-Paule Berthiaume, novembre 2021 

Sylvie Le Sylvie est originaire de Chilliwack, en Colombie-Britannique. L’artiste aux parents français a habité New York, Vancouver et Montréal, avant de trouver refuge dans la vallée de Slocan en 2015. Ayant toujours dessiné, iel tatoue à temps plein depuis 2007 et affectionne servir ses clients en français au salon Strange Society Tattoo, à Nelson.

Inspirés par la nature et l’art populaire traditionnel, comme la peinture sur assiette de l’Europe de l’est ou le papier découpé de la Chine par exemple, les tatouages de Sylvie Le Sylvie explorent les textures avec leurs lignes noires de formes, épaisseurs et densités variées

«Je commence parfois avec une linogravure que je transforme en tatouage parce que ça me force à simplifier mes designs. Un tatouage, ça doit être aussi beau de loin que de proche. Parce qu’il faut que ça se lise de loin, j’essaie de ne pas trop me coincer dans les détails. Et si c’est détaillé, j’évite d’obstruer l’image lorsque vue de loin, indique cellui qui a adoré fréquenter l’école secondaire des beaux-arts, le Langley Fine Arts School, en 11e et 12e année.

Une enfance en français

Sylvie Le Sylvie est un oiseau rare puisque la majorité de son parcours scolaire s’est effectué au sein du système franco-colombien. Iel a d’abord fréquenté l’école primaire francophone La Vérendrye jusqu’en 7e année pour ensuite continuer avec le Programme cadre de français jusqu’en 10e année sous la juridiction d’un district scolaire anglophone.

Iel n’avait pas le droit de parler en anglais à la maison avec son frère: «Mon père était vraiment strict. Il disait «si vous ne parlez pas français à la maison, vous n’allez pas l’apprendre et vous allez le perdre». Si on faisait une erreur, il nous corrigeait et on devait redire la phrase. C’était très chiant quand on était jeunes mais maintenant, j’apprécie de connaître la langue», rappelle cellui qui a appris l’anglais avec ses amis. 

Depuis, son niveau de français fluctue au gré des opportunités pour le pratiquer. «Je parle en français avec ma mère et mon frère mais à part ça, comme je n’ai pas vraiment d’ami.e.s francophones ici [dans les Kootenays], j’ai l’impression que mon niveau baisse un peu. Mon frère et moi mélangeons un peu les langues. On a une façon de parler qui est nous est unique», dévoile cellui qui travaille avec son frère, également tatoueur.  

Lors de son séjour de sept ans à Montréal, logé à Saint-Henri, iel parlait tous les jours en français. «Mes ami.e.s étaient plus anglophones que francophones mais je travaillais au Tatouage royal, coin Saint-Denis et Mont-Royal. C’était pas mal 100% en français au travail et dans la rue», se remémore cellui aux accents francophones et anglophones singuliers.

Montréal-Nelson

Sylvie Le Sylvie reconnaît que son expérience montréalaise aurait été différente s’iel n’avait pas été bilingue. «La scène de tatouage à Montréal est vraiment incroyable, plus avancée et diversifiée qu’ailleurs au Canada. C’est ce lien fort entretenu avec l’Europe qui fait qu’on y retrouve moins de tatoueurs au style américain en comparaison à Vancouver, où c’est ce que les gens veulent», explique cellui qui considère le style européen moins coincé dans ses définitions en comparaison au style américain qui tient ses racines dans la culture maritime.

Selon Sylvie Le Sylvie, la scène de tatouage à Nelson se développe très rapidement. «Quand je suis arrivé.e il y a sept ans, il y avait seulement deux salons, en plus de studios privés. Au début, je construisais ma maison et j’allais à Vancouver comme artiste invité.e. Nous les tatoueurs, on aime voyager. Ça se fait beaucoup. J’essaie d’inviter plus de tatoueur.e.s à Nelson mais depuis la Covid, les gens voyagent moins», indique cellui qui aimerait voir les tatoueur.e.s des Kootenays plus connecté.e.s.

Songez-vous à vous faire tatouer?

Sylvie Le Sylvie suggère d’identifier, au départ, plusieurs tatoueur.e.s sur Instagram qui est le meilleur endroit pour mettre la main sur leur portfolio. Ensuite, il existe deux options: soit présenter son idée au tatoueur.e qui la dessinera ou choisir l’un de leurs flashs, des dessins préfaits. L’artiste indique que même si les tatouages sur mesure l’aide à sortir de sa zone de confort, iel préfère faire du flash pour aller au bout de ses possibilités.

*Cet article suit les règles de l’écriture inclusive.

Crédit photo portrait: Rena Valiuna

Crédit photo tatouage: Courtoisie Sylvie Le Sylvie

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