Par AFKO, août 2025
Installée depuis plus de vingt-deux ans dans les Kootenays, Carina Costom transforme son parcours de mère et d’artiste en un projet littéraire et visuel d’envergure. 100 Femmes | 100 Océans est une plongée intime dans les récits maternels, portée par une volonté farouche de créer du lien, d’écouter autrement — et de témoigner.
Une arrivée, des racines, une voix
Il y a 22 ans, Carina Costom quittait Montréal pour les montagnes boisées des Kootenays, guidée par l’invitation d’une amie d’enfance. Au fil des années, elle devient conseillère en emploi, graphiste, rédactrice en chef apprentie au Selkirk College. Mais une constante persiste : l’appel des arts, et surtout celui de l’écriture. Pendant sept ans, elle suit des cours, affine sa plume, et rêve de donner à l’art la place centrale qu’il mérite dans sa vie.
Ce virage prend une nouvelle signification lorsqu’elle devient mère. Son fils, aujourd’hui adolescent, naît « twice exceptional », bouleversant ses repères. « Rien dans mon éducation ne m’avait préparée à ce genre de parentalité », confie-t-elle. Contrainte à réapprendre, à traduire, à écouter, Carina traverse une véritable transformation. « C’était comme découvrir un angle mort, une faille dans laquelle j’ai dû plonger. »
Cette immersion devient le point de départ de 100 Femmes | 100 Océans, un projet de témoignages autour de la maternité et des métamorphoses qu’elle impose.


Le projet : recueillir l’invisible
« J’ai toujours été fascinée par les récits de transformation », explique Carina. 100 Femmes | 100 Océans naît donc d’un besoin personnel — comprendre, déposer, décoder son propre parcours — mais se déploie rapidement vers un horizon collectif. L’idée : recueillir 100 récits de maternité à travers les Kootenays Ouest, dans toute leur diversité, et en faire un manuscrit tissé d’images, de poèmes, de fragments.
Le projet, qui commencera officiellement en septembre 2025, avance à son rythme. Certaines femmes se portent volontaires spontanément, d’autres après une conversation qui résonne. Le critère ? Avoir franchi un seuil : une naissance, une perte, une migration, une crise, une illumination. Carina tend l’oreille à toutes : mères autochtones, migrantes, queer, neurodivergentes, en couple ou en solo. Elle leur offre un espace éthique, lent et sûr pour raconter.
Chaque récit est d’abord écrit à la main, puis transcrit et validé par la participante. Le résultat pourra prendre diverses formes : texte brut, version retravaillée, anonymisée ou illustrée. L’objectif n’est pas de diriger, mais de faciliter. « Je ne sais pas ce que je vais trouver, je dois arriver avec un esprit de débutante », insiste Carina. À 56 ans, elle se donne enfin ce qu’elle appelle « un cadeau » : vivre l’art pleinement, en harmonie avec son éthique de respect, de soin et de collaboration.
L’océan comme boussole émotionnelle
Au cœur du projet, un symbole revient comme un fil conducteur : l’océan. Une métaphore que lui a offerte un coach parental lors d’un moment charnière. « Elle m’a dit : deviens l’océan. Car l’océan a cette capacité d’englober tout : la colère, la joie, la fatigue, l’amour. Sous les vagues, il y a le calme. Apprendre à plonger pour mieux écouter, mieux réguler, c’est tout un art. »
Chaque participante est donc invitée à se connecter à une étendue d’eau — réelle, symbolique ou même amniotique. L’eau devient alors espace de mémoire, de régulation, de transmission. Une analogie puissante qui traverse l’ensemble du projet, et incarne la fluidité nécessaire à l’écoute, à la co-création, à la transformation.
Dans ce travail, Carina Costom ne cherche pas à capter des voix pour les exposer. Elle souhaite les amplifier sans les extraire, honorer sans s’approprier. « Être témoin, c’est un honneur, un privilège, une responsabilité. »
Et c’est exactement ce que ce projet incarne : une forme de rébellion douce, portée par l’intelligence émotionnelle, pour que la maternité retrouve sa juste place — centrale, puissante, essentielle à la fondation de notre société.
Si ce projet vous inspire, n’hésitez pas à contacter Carina via son site internet (traduction intégrée via Google Translate).