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Aurélien et Elaine Dupuis, d’une relation épistolaire aux noces de Diamant.

Par Amélie Sauquet avec l’aide de Marie-Paule Berthiaume,
janvier 2021

Le saviez-vous? C’est grâce à Aurélien Dupuis que nous avons le plaisir, chaque mois, de lire la page Voilà, dans le Nelson Star depuis 2012. Tout au long de sa vie, Aurélien Dupuis a rendu hommage à la langue française par sa passion pour l’écriture et le chant et par ses talents de conteur.

Le 31 mai 2020, Aurélien Dupuis est décédé à Nelson à l’âge de 90 ans. L’Association des francophones des Kootenays Ouest (AFKO) a donc tenu à rencontrer sa femme, Elaine Dupuis, avec qui il a partagé sa vie pendant 61 ans. Voici l’histoire d’Elaine et Aurélien, deux vaillants Canadiens talentueux ayant contribué à l’essor de Nelson.

Leur enfance respective

Aurélien Dupuis est né en 1929 à Noëlville en Ontario, au sud de Sudbury. Sa mère décède alors qu’il n’a que cinq ans. Lui et trois de ses plus jeunes frères sont élevés par les sœurs de l’orphelinat de Noëlville. Aurélien y reste jusqu’à l’âge de 10 ans, puis il retourne à la ferme familiale pour aider avec les tâches agricoles. Suite à des études dans un collège à vocation agricole, il travaille en construction avec ses frères. Mais ce n’est qu’une infime partie de ses occupations. Avec sa très belle voix et sa jeune plume déjà reconnue, il commence déjà à chanter lors des noces familiales ainsi qu’à écrire des poèmes. 

Elaine Dupuis, elle, est née à New Westminster en 1934. Elle voyage beaucoup pendant son enfance, son père occupant différents postes entre la Saskatchewan, la Colombie-Britannique et le Québec. C’est à Montréal qu’Elaine commence à travailler pour Canadair à l’âge de 18 ans. Elle y rencontre son amie Jacqueline Lamarche qui deviendra l’épouse du frère d’Aurélien, Lionel Dupuis. Elaine quitte ensuite Montréal pour travailler à Winnipeg. Jouant les entremetteurs, Lionel et Jacqueline Dupuis décident d’initier une correspondance par lettres entre Elaine et Aurélien qui ne se sont alors jamais rencontrés.

Leur rencontre

En 1959, Aurélien décide de venir à la rencontre d’Elaine, à Saint Malo, au Manitoba où résident ses parents, une bague de fiançailles dans ses bagages. Elle réside alors dans le quartier Saint-Boniface à Winnipeg et fait le voyage pour le rejoindre à Saint Malo. Le soir même de son arrivée, lors du repas familial, Aurélien demande Elaine en mariage à la grande surprise de tous. Ils se marieront la même année. 

Elaine me confie en riant qu’ils n’avaient d’abord pas grand chose en commun, bien qu’ils s’entendaient bien au niveau culinaire. Aurélien aimait beaucoup la cuisine de sa femme qui s’inspirait de bons livres de cuisine. Elle ajoute au passage qu’Aurélien, dédié à la langue française, admirait beaucoup son père qui avait été professeur et qui parlait un très bon français.

Leurs parcours

Après leur mariage, ils s’établissent en Ontario dans la région de Sudbury où ils ont trois enfants. Une fois ces derniers à l’école, Elaine suit une formation universitaire en philosophie du monde. Une fois diplômée et avec le soutien inconditionnel d’Aurélien, elle complète une maîtrise qui lui permet d’enseigner les religions du monde à l’Université Laurentienne. Elle y enseigne aussi l’étude de la femme, une discipline toute nouvelle à l’époque. Treize ans plus tard et assoiffée de savoir, elle prépare son doctorat à l’Université de Toronto en philosophie de l’éducation .

Dans les années 70, Aurélien travaille pour le journal Le Voyageur. À son décès, le journal lui rend hommage. « À Sudbury, M. Dupuis a gagné sa vie avec la langue française, entre autres en travaillant au Voyageur, comme vendeur et comme journaliste.[…] Après son départ de Sudbury, il a continué à écrire et a publié plusieurs livres, une quinzaine selon son fils. […] Ses livres font d’ailleurs partie de la collection de Bibliothèques et Archives Canada et un employé est venu jusqu’à Nelson pour récupérer des copies. »  

La ruée vers l’Ouest

En 1990, alors que leurs enfants résident tous dans l’Ouest Canadien, Elaine et Aurélien décident de les rejoindre. C’est sur le chemin Wills, proche de Taghum dans les Kootenays, qu’Aurélien construit leur maison. 

 

Elaine me décrit les talents et les passions d’Aurélien: le chant, les poèmes, le jardinage, les inventions, la construction, l’ébénisterie et l’écologie. Elle me dévoile aussi ses qualités: la patience, l’ouverture d’esprit et la gentillesse. Elle insiste sur le fait qu’il était très progressiste dans sa vision du couple. Ainsi, Aurélien a toujours soutenu Elaine dans ses études et ses recherches universitaires. Leur fille Linda, présente à notre rencontre, m’explique à quel point son père aimait la nature. Il était très novateur sur l’utilisation du compostage et il avait d’ailleurs écrit un ouvrage à ce sujet. 

 

Elaine et Aurélien ont fêté leurs noces de Diamant en 2019. Elaine garde de magnifiques souvenirs de son bien-aimé: leurs périples à travers les États-Unis en caravane Boler, la belle voix et les chants d’Aurélien, la demande en mariage inattendue et bien d’autres…  

 

Quelques ouvrages d’Aurélien sont disponibles à l’AFKO si vous souhaitez lire sa poésie.

Vous avez connu Aurélien Dupuis? Nous serions ravis d’avoir votre témoignage à coordination@afko.ca.

Témoignages

« J’arrivais tout juste à Nelson en 2009 et commençais un nouvel emploi. J’avais déjà connecté avec quelques personnes grâce à l’association francophone mais sans plus. Puis, j’ai rencontré ce couple, Aurélien et Elaine qui m’ont gentiment invité à souper chez-eux. Ils étaient plutôt âgés alors je me disais qu’ils devraient avoir besoin de compagnie. Durant ma visite, j’ai découvert l’univers très riche d’Aurélien. Lui et Elaine vivaient sur une grande propriété un peu à l’extérieur de Nelson avec une petite cabane charmante et un gros aménagement paysager entouré de murs de pierre. Il avait écrit plusieurs livres en français qui témoignaient de son amour pour la nature. Il m’avait aussi montré un ouvrage très complet sur le compostage qu’il avait écrit alors qu’il enseignait cet art des décennies auparavant. En écolo que je suis, cet avant-gardisme n’avait pas manqué de m’impressionner. J’ai conclu de ma visite que ce couple de personnes âgées en menait bien large et qu’ils ne m’avaient pas invité pour avoir de la compagnie mais plutôt pour me divertir! Je me souviendrai toujours d’Aurélien comme d’une personne aux intérêts variés qui cultivait chacun d’eux avec soin. » 

Prudence Elise-Breton

« Sa présence etait toujours plaisante et spéciale
Dans les rencontres sociales
Grand écrivain francophone
Remplie de belles histoires
Venant des animaux et la Nature
Un conteur de fables avec la 
Sagesse entre les lignes
Un grand homme rempli de talent
Qui est parti avec le temps
Sans être oublié
Repose en paix cher Aurélien. »

Par Jocelyne Laporte

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